Les premières implantations humaines détectées à Monestier-de-Clermont datent de la période gallo-romaine. Au lieudit L'Etaudey, on a retrouvé en 2004, lors des fouilles préliminaires aux travaux de la déviation, des traces d'un ensemble agricole datant des 1er siècle avant J.C. et 1er siècle après J.C. Mais le village actuel se développa à partir d'un ancien monastère dont il tient son nom. On ne sait que très peu de choses à propos de ce « Monasterium Clarimontis », ni sa date d'implantation, ni celle de son abandon. On sait cependant qu'il était occupé par des moines bénédictins et on suppute qu'il se situait à l'emplacement de l'église actuelle qui se développa à partir de la chapelle du monastère.
Au moyen âge
Tout au long du haut moyen âge, le village ne rassemble qu'une toute petite communauté, niché dans un vallon sur un lieu de passage traditionnel entre plateau du Trièves et plaine grenobloise. Elle dépend du dauphin dont le château fort de Clermont, bien situé à l'extrémité nord de la colline qui domine le village. Ce château de la génération des châteaux de l'an Mil comprenait deux tours dont l'une avait une hauteur de huit toises. Il ne reste aujourd'hui que quelques pans de murs des anciens remparts.
Un fait va être déterminant dans le développement de Monestier. En 1340, pour récompenser Aynard de Clermont, un de ses principaux chefs de guerre, le dauphin Humbert II lui offre en fief un territoire comprenant cinq paroisses (Monestier-de-Clermont, Roissard, Saint-Paul, Sinard et Avignonet) qui forme la vicomté de Trièves. Cette entité territoriale perdurera jusqu'à la Révolution Françoise. Pendant la grande épidémie de peste de 1348, un hôpital fut installé au centre du village. On n'en sait à peu près rien mais il a laissé son nom à la place éponyme depuis cette époque.
Après le rattachement du Dauphiné à la France en 1349, le fils du roi prend le titre de dauphin et l'un d'eux, le futur roi Louis XI, vient gouverner la province. Le dauphin est alors un jeune homme plein d'entrain dont le loisir principal est la chasse aux loups et aux ours. Il fait des séjours en Trièves, notamment aux châteaux de Ruthière et de Montmeilleur. Et aussi à Monestier-de-Clermont où il séjourne dans une auberge située place de l'Eglise. Cet événement marqua la mémoire locale. L'auberge qui accueillit l'illustre personnage portera pendant quatre siècles le nom de « Chasse Royale » et, de nos jours, une petite rue jouxtant le bâtiment s'intitule « rue du Dauphin ». La vieille auberge sera rasée en 1872 pour faire place à une bâtisse qui abrita pendant un siècle la mairie et les écoles (aujourd'hui bibliothèque municipale et salle des Associations).
Les Bardonenche
En 1566, le vicomte de Clermont vend son fief à André Allemand de Paquier, un seigneur voisin. Celui-ci fait construire vers 1690, à partir d'un pavillon de chasse édifié au temps des Clermont, un château de résidence situé à proximité de l'église. Contrairement au Trièves mensois, la Réforme ne rencontrera que peu d'adeptes et les guerres de Religion n'occasionneront que peu de péripéties à Monestier si ce n'est les nombreux passages de troupes, un combat en 1576 et la signature d'une trêve sans lendemain en 1579. Alexandre de Bardonenche achète la vicomté en 1687. D'une vieille famille triévoise, il abjure la réforme et se rallie au catholicisme trois ans plus tard, entraînant avec lui les quelques familles protestantes du village. En 1741, son petit-fils César fait agrandir et aménager le château, lui donnant sa configuration actuelle. La Révolution Française ne générera pas d'événements majeurs si ce n'est l'érection du village en chef-lieu de canton. Les Bardonenche conserveront leur château au cours de cette période et le revendront en 1828. Après être passé entre les mains de plusieurs propriétaires, il est aujourd'hui une table d'hôte réputée.
XIXe et XXe siècles
La fin de ce siècle voit l'émergence de deux voies de communication qui vont modifier l'environnement monétéron : d'abord, en 1830, l'aménagement de la Route Royale (future Nationale 75, aujourd'hui Départementale 1075), jusqu'alors simple chemin muletier dans la traversée de la Croix-Haute ; puis, en 1878, l'ouverture de la voie ferrée reliant Grenoble à Veynes. Ces deux réalisations vont permettre le développement du commerce puis du tourisme. A la charnière du XXe siècle, Monestier-de-Clermont est une petite station estivale, hivernale et thermale. Un des premiers syndicats d'initiative du Dauphiné est créé en 1907 et, l'année suivante, est organisé un concours de ski pionnier en la matière.
Une source d'eau minérale, exploitée artisanalement, alimente les auberges du village où les touristes en résidence peuvent « prendre leurs eaux ». L'exploitation de cette source s'est achevée au début des années 1950 mais le remarquable bâtiment de captage, aujourd'hui propriété de la Communauté de Communes du Trièves, vient d'être magistralement rénové.
La guerre de 14-18 plombera cette belle dynamique mais le village, équipé de nombreux hôtels-restaurants, restera un lieu d'étape privilégié sur la route du midi. Le dynamisme des habitants est bien présent. Joseph Allibert crée une usine de fabrication de semelles intérieures. Parti d'un petit atelier de quelques ouvriers en 1906, l'entreprise connaîtra une destinée mondiale, après la Seconde Guerre Mondiale, dans la fabrication d'objets en matière plastique (armoires de toilette, tableaux de bord, salons de jardin, etc.). Trop à l'étroit, l'entreprise s'installe à Grenoble dans les années 50. La tradition de fabrication d'objets chaussants perdure cependant aujourd'hui à Monestier par la présence de l'entreprise De Clermont.
Outre Allibert, une autre entreprise « historique », créée au village en 1952, connaîtra, elle aussi, un prodigieux développement : Moncler, dont l'intitulé est formé des deux premières syllabes du nom Monestier-de-Clermont. La fabrication de vêtements et articles en nylon, utilisés lors des premières conquêtes des sommets de l' Himalaya, en a fait sa renommée : sacs de couchage, tentes, vestes matelassées ... C'est de nos jours une branche d'un important consortium italien spécialisé en vêtements de luxe.
Le village connaît en l'année 1944 les horreurs de la guerre. Le 1er mai, l'arrestation mouvementée d'un responsable de la Résistance Jacques Mollé alias « Emmanuel » qui, blessé mourra peu après, le bombardement du 13 juillet qui, heureusement, ne fit que peu de victimes, et l'exécution au col du Fau des 11 otages de Vif.
De nos jours
Les premières années du XXIe siècle voit le village connaître une expansion démographique importante à la suite de la création du contournement routier évitant le centre-bourg (2005) puis celle de l'autoroute du Trièves qui draine en particulier le flux des poids-lourds. Nombre de maisons, abandonnées au fil du temps de par la nuisance occasionnée par la route 75, sont réinvesties et plusieurs lotissements accueillent une nouvelle population venue chercher, à peu de distance de Grenoble, une certaine qualité de vie.